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Les coulisses de "Kasane", deuxième partie !

26/05/2016

Maintenant que vous savez tout sur les rendez-vous de travail entre Daruma MATSUURA et son éditeur, M. ICHINOMIYA, Ki-oon vous propose aujourd’hui une interview exclusive de la créatrice du petit bijou qu’est Kasane – La Voleuse de visage !
Bonne lecture !

16 février 2016 - Cafétéria de Kodansha, Tokyo

- La création de « Kasane » -

- > Comment est née l’histoire de « Kasane » ?  
Daruma Matsuura : Au début, l’idée de l’échange de visage par un baiser m’est venue en tête pendant que je faisais des esquisses. C’était juste ça.

- > Ça vous est venu comme ça, d’un coup ?
Daruma Matsuura : Oui. C’est venu comme ça, et à ce moment-là, je n’avais pas encore l’intention de faire une histoire spécifiquement sur la beauté et la laideur. Je me disais juste que j’aimerais bien utiliser ce concept de l’échange. Puis, à force de dessiner des roughs, j’ai commencé à me dire qu’intégrer le thème du beau et du laid serait intéressant. En plus de ça, j’ai entendu parlé de la légende de Kasane ga Fuchi*, un conte de fantôme célèbre de l’ère Edo, et j’ai eu envie de rajouter cet élément. C’est comme ça que l’histoire a pris forme petit à petit. Mais au départ c’est vraiment venu de l’idée du baiser.
*Légende du Moyen-Age japonais. Yoemon, un paysan pauvre, prend pour femme Osugi. Celle-ci a déjà une fille, Suke, dont la laideur est telle que Yoemon la prend en haine. Il finit par la tuer. Mais la deuxième fille de Osugi vient au monde avec le même visage que Suke, comme s’il avait été superposé au sien. Elle est alors appelée Kasane (« superposition »). Kasane, devenue adulte, sera elle-même tuée par son mari, lassé de sa laideur. Elle reviendra sous la forme d’un fantôme vengeur, prenant possession du corps de la nouvelle femme de son meurtrier.

- > Il n’y a donc pas de modèle de personnage réel pour Kasane ou d’autres personnages ?
Daruma Matsuura : Non, je ne pense pas.

- > Est-ce que vous avez déjà toute l’histoire en tête, ou est-ce que vous avancez chapitre par chapitre ? Comment vous vient la suite de l’histoire ?
Daruma Matsuura : J’ai les grandes étapes de l’histoire en tête jusqu’à la fin. Mais pour les détails, je vois ça chapitre par chapitre.

Vous avez donc la fin en tête. Y a-t-il encore une possibilité qu’elle change ?
- > Daruma Matsuura : Oui, c’est possible.

- > Est-ce que vous avez déjà décidé du nombre de volumes au final ?
Daruma Matsuura : Ce n’est pas complètement acté, mais je pense que ce sera entre 10 et 12 volumes.

- > On en est donc déjà à plus de la moitié ! (NDT : Au moment de l’interview, sept volumes étaient sortis au Japon)
Daruma Matsuura : Et oui ! (rires)

- > Est-ce que le rouge à lèvre s’use ou est-ce qu’il est censé durer éternellement ?
Daruma Matsuura :No comment sur le sujet (rires). C’est un point très délicat.

- > Qu’est-ce qui est le plus facile et le plus difficile pour vous dans la création de « Kasane » ?
Daruma Matsuura : "Facile" signifie sans doute ce que je prends le plus de plaisir à faire. Pour moi, c’est dessiner les émotions des personnages. Et le plus difficile… Ce n’est pas tant la création de l’histoire elle-même, mais plutôt le respect des dates-butoir. J’ai vraiment du mal à rendre mes planches en temps et en heure, et à avancer rapidement.

- > Est-ce qu’il y a certaines choses que vous ne pouvez pas dessiner par manque de temps ?
Daruma Matsuura : Je devrais pouvoir tout dessiner, et pourtant… je ne sais pas pourquoi mais… je n’y arrive pas ! (rires)
Dessiner prend souvent plus de temps que ce que j’imaginais.


- La construction de personnages complexes -

- > Quel est le personnage le plus facile à dessiner pour vous ?
Daruma Matsuura : C’est Kasane. C’est normal.

- > Et le plus dur ?
Daruma Matsuura : Tous les personnages masculins à part Habuta ! (rires)

- > C’est vrai qu’il y a peu de personnages masculins !
Daruma Matsuura : Oui, en effet (rires) Je me force à dessiner ce pour quoi je ne suis pas douée pour surmonter mes faiblesses, par exemple en incluant Nobuhiko Uno.

- > Tous vos personnages ont une grande part d’ombre, en particulier l’héroïne. Et pourtant, on ne peut pas les détester. Comment construisez-vous vos personnages ?
Daruma Matsuura : Comme le thème est la beauté et la laideur, il est déjà naturel que le personnage principal soit le plus laid de tous. Kasane est laide, elle le sait, et les autres le lui font sentir. Mais au-delà de l’aspect physique, l’histoire aborde aussi l’aspect psychologique du problème. Kasane a construit une image de son moi idéal très forte et difficile à atteindre. C’est pourquoi elle ne cesse de souffrir du gouffre entre cet idéal et la réalité. Même les personnes belles à la base, par exemple les actrices, sont très strictes sur ce point-là. Beaucoup ne se satisfont pas de leur apparence, même si elle est flatteuse. Il faut être toujours plus beau, ou conserver sa beauté, ou encore donner une image de jeunesse. Ces gens beaux mais avec un idéal encore supérieur à ce qu’ils ont souffrent de la même façon. En plus, chaque personne a une vision différente de l’idéal à atteindre.
Par exemple, Nina est belle, mais elle n’a pas un idéal aussi puissant que Kasane. Elle se dit juste qu’elle aimerait bien être devenir actrice, et se satisfait à peu près de son apparence d’origine. Dans le cas de Iku Igarashi, qui apparaît dans le volume 1, l’apparence n’a pas vraiment d’importance. Ce qui rend chaque personnage unique au final, c’est cette distance différente pour chacun entre leur idéal et la réalité.

- > La société actuelle donne des canons de beauté difficiles à atteindre, mais si une histoire comme Kasane ga Fuchi existe, c’est que c’était peut-être déjà le cas dans l’ancien temps…
Daruma Matsuura : Kasane ga Fuchi n’est pas une histoire très développée, c’est plutôt une simple histoire de fantôme revanchard. Je ne l’ai utilisée que comme une source d’inspiration. J’ai moi aussi une certaine image de mon moi idéal, mais ça ne concerne pas forcément l’aspect physique. Je ne sais pas ce qu’il en était au Moyen Âge, mais aujourd’hui, je pense que beaucoup de gens se posent des questions sur leur identité, et sur la façon de se faire une place au milieu de la foule.
Je ne parle pas seulement des acteurs ou des actrices. De nombreuses personnes mettent en scène leurs hobbies sur You Tube, et tentent de se faire remarquer sur les réseaux sociaux. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, au contraire je trouve ça très bien. Mais on dirait que sans ça, il est devenu difficile de se définir soi-même. Pouvoir se mettre en avant ainsi est positif, mais d’un autre côté, cela cache aussi sans doute une peur panique de devenir invisible, enterré sous la masse. Kasane ne raconte pas l’histoire d’une fille qui est persécutée parce qu’elle est laide. Le point central est plutôt de savoir ce qu’elle peut bien faire pour se rapprocher de son objectif. Je n’ai pas l’intention de donner un message sur la société actuelle. Mais ma réflexion sur le sujet s’est développée au fil de la création du manga, et aussi en surfant sur internet ou en parlant avec diverses personnes. Je pense que tout cela se reflète dans mon œuvre.


- Un style de dessin développé spécifiquement pour Kasane - La Voleuse de visage -

- > Dessinez-vous en analogue ou sur ordinateur, ou les deux ?
Daruma Matsuura : Je dessine sur papier au début, puis je passe sur l’ordinateur à partir de l’étape de pose des trames.

- > Storyboards, roughs et encrages sont donc faits à la main.
Daruma Matsuura : Oui, c’est ça.

- > Je suppose qu’ensuite vous scannez vos planches, pour faire les finitions sur ordinateur.
Daruma Matsuura : En effet.

- > Qu’en est-il de vos planches en couleur ?
Daruma Matsuura : Pour la couleur, j’utilise photoshop.

- > A l’heure actuelle, avec combien d’assistants travaillez-vous ?
Daruma Matsuura : Je travaille avec sept personnes. Mais ça ne veut pas dire que je les fais venir tous en même temps, et l’emploi du temps peut varier. Par exemple, parmi ces sept personnes, j’en fais venir deux par jour pendant quatre ou cinq jours.

- > Que font-ils ?
Daruma Matsuura : Ils s’occupent du background, de la pose des trames sur ordinateur, ce genre de choses.

- > Le dessin et le découpage de « Kasane » sont très spéciaux. On a souvent l’impression de voir des pages découpées comme des miroirs brisés, et les contrastes sont très forts. Avez-vous développé ce style spécifiquement pour cette histoire ?
Daruma Matsuura : Oui. Au début je ne me posais pas trop la question du style de dessin, mais au fur et à mesure, j’ai essayé diverses choses sur Kasane.

- > Est-ce que le dessin de Kasane est vraiment différent de ce que vous faisiez jusqu’à présent ?
Daruma Matsuura : Oui, c’est différent.

- > Le développement du style graphique s’est donc fait en même temps que la construction de l’intrigue.
Daruma Matsuura : Quand il s’agit de style graphique, on ne sait jamais ce qui marche tant qu’on n’a pas dessiné. Ca évolue au fur et à mesure. J’ai essayé de changer mon graphisme dès le premier chapitre, mais je n’ai pas trop réussi à l’époque. Ca reste assez proche de mon style d’origine. Mais au fil des planches, j’ai commencé à faire des lignes plus affinées, comme ça (mime des lignes en diagonales). Comment dire, des traits plus agressifs. Je cherchais des moyens d’insister sur le côté ténébreux des personnages.

- > A quoi ressemble votre trait d’origine ?
Daruma Matsuura : Je ne suis pas sûre de pouvoir dessiner maintenant comme je le faisais au départ, j’ai un peu oublié. C’était un style plus comique, pas vraiment adapté à des histoires sérieuses.

- > Un peu comme les gags en quatre cases inclus entre certains chapitres ?
Daruma Matsuura : Un peu, oui (rires)

- > Si vous dessinez une nouvelle œuvre après Kasane, il est donc possible que votre style graphique change de nouveau ?
Daruma Matsuura : C’est très probable, en effet.


- L’apprentissage du métier de mangaka -

- > Depuis quand souhaitez-vous devenir mangaka ?

Daruma Matsuura : Depuis l’école primaire, si je me rappelle bien. Quand j’avais 7 ans, ou même avant peut-être. J’avais cette idée en tête depuis tout petite.

Est-ce qu’il y avait une raison spécifique ?
Daruma Matsuura : J’aimais juste bien dessiner, et je me disais que ce serait bien si je pouvais devenir mangaka. Mais ce qui m’a vraiment décidée, c’est la lecture des œuvres d’Osamu Tezuka.  

- > Lesquelles ?
Daruma Matsuura : Blackjack et Phénix - L’oiseau de feu.

- > Quel âge aviez-vous quand vous avez lu ces titres ?
Daruma Matsuura : Je devais avoir autour de 14 ans.

- > L’impact a donc été fort et durable !
Daruma Matsuura : Oui, vraiment très fort. C’est comme si le ciel m’était tombé sur la tête ! (rires)

- > D’où vous vient votre nom de plume ?
Daruma Matsuura : Ca n’a pas de sens profond. A l’école primaire, comme je voulais déjà être mangaka, j’ai commencé à réfléchir à un nom de plume. Mes camarades de dessin se choisissaient tous des noms super classe, avec des caractères compliqués. Moi, je n’avais pas envie de me la jouer. C’est pour ça que j’ai choisi **Daruma (rires). A l’époque, je ne savais pas du tout que c’était le nom d’un ponte de la religion bouddhiste. Ca n’a vraiment pas de sens profond.
**Daruma : Figurine à visage, ronde, sans bras ni jambe, utilisée dans la vie quotidienne pour faire des vœux. A l’origine, le mot «Daruma » vient du nom du moine bouddhiste Bodhidharma.

- > Vous réfléchissiez déjà à votre signature d’artiste aussi ?
Daruma Matsuura : Oui, j’y pensais déjà (rires) ! J’ai un peu honte maintenant.

- > Vous avez été étudié dans une université d’art, et avez travaillé comme assistante de mangaka. Qu’avez-vous retenu de chacune de ces expériences ?
Daruma Matsuura : A l’université, j’ai appris par exemple les techniques de mise en couleur que j’utilise pour les couvertures. Si je n’avais pas étudié pour entrer dans la section de peinture à l’huile, je n’aurais pas su comment faire.

- > A l’époque, vous faisiez tout à la main ?
Daruma Matsuura : Oui, tout était fait à la main.  
Ensuite, quand je suis devenue assistante, j’ai vraiment pu voir de près comment créer un manga de façon concrète. Pour ces aspects techniques, il faut être sur le terrain pour apprendre.

- > Est-ce que vous voulez parler des techniques de base, comme la façon de faire un storyboard, ou encore de poser des trames par exemple ?
Daruma Matsuura : Comme j’intervenais surtout pour l’étape de mise au propre du storyboard et des finitions, j’ai pu voir comment déléguer les tâches entre les assistants, comment utiliser l’ordinateur, bref, comment les auteurs organisent leur travail.


- Une expérience de romancière -

Vous avez aussi écrit le roman Izana. C’est rare que le mangaka lui-même écrive un roman. Pourquoi avez-vous choisi de vous charger de l’écriture ?
- > Daruma Matsuura : On m’en a donné l’occasion, tout simplement. A l’origine, il n’était pas prévu de publier un texte sur la mère de l’héroïne, mais M. Ichinomiya, mon éditeur, m’a conseillé de mettre à plat son histoire, pour faciliter l’écriture du scénario du manga. J’avais donc commencé à l’écrire, quand la maison d’édition Seikaisha m’a proposé de faire quelque chose ensemble. On s’est alors dit que le thème de Izana serait intéressant, et cette fois en roman, non en manga. Je me suis dit, l’occasion fait le larron, et je me suis lancée.

Comment avez-vous vécu cette expérience d’écriture de roman ?
- > Daruma Matsuura : C’était la première fois que j’écrivais un roman, et je me suis bien amusée. C’est très différent de la création d’un manga. Pour un manga, même si on a plein d’idées à insérer dans un chapitre, il faut forcément en enlever. Si on met trop de choses, ça donne rarement un résultat intéressant à la lecture. Mais pour un roman, on n’est pas limité par le nombre de cases par page, on peut écrire beaucoup plus de choses à la suite, et mettre tout ce qu’on veut. C’est vraiment du luxe à mes yeux. Pour moi, le manga est affaire de réduction, alors que le roman n’est qu’ajouts.

Merci beaucoup !
- > Daruma Matsuura : Merci !


Si vous avez raté la première partie de ce dossier sur les coulisses de Kasane – La Voleuse de visage, c’est par ici : http://www.ki-oon.com/news/279-coulisses-de-kasane-premiere-partie.html
Nous vous donnons rendez-vous très vite pour la troisième partie de nos investigations, avec une interview de l’éditeur en charge de la série, M. ICHINOMIYA !
 


 


 

 
 
 
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